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Non, cette image ne montre pas Francine Muyumba en danseuse traditionnelle burundaise : il s’agit d’un photomontage trompeur

Non, cette image ne montre pas Francine Muyumba en danseuse traditionnelle burundaise : il s’agit d’un photomontage trompeur

Une image largement diffusée sur les réseaux sociaux montre un groupe de femmes dansant en tenue traditionnelle burundaise. L’une d’elles apparaît avec le visage de Francine Muyumba, ancienne présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse et ex-sénatrice congolaise. La publication est accompagnée d’un texte affirmant qu’elle serait d’origine burundaise.

Pourtant, après vérification, cette image a été manipulée et l’affirmation sur sa nationalité est fausse. Les recherches menées par Thibitisha Fact confirment qu’il ne s’agit pas de Francine Muyumba, mais de jeunes Burundaises participant à un sommet sur le leadership des jeunes de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), organisé en 2018 en Tanzanie. Le visage de Muyumba a simplement été superposé à celui d’une participante sur la photo d’origine.

Affirmation

Dans une publication Facebook accompagnée de l’image manipulée ( lien archivé ) un internaute nommé Maître Dona écrit : « Infiltrée de longue date veut défier notre maman Wazalendo, honte à toi la Burundaise ». Le message sous-entend que Francine Muyumba serait d’origine burundaise et chercherait à s’opposer à un courant patriotique congolais.

Une image de 2018 tirée d’un événement public en Tanzanie

Grâce aux outils de recherche d’image inversée tels que Google Lens et Yandex, nous avons pu retrouver l’image originale utilisée dans la version manipulée. Elle a été publiée le 24 novembre 2018 sur le site d’information Abisezerano.com, dans un article consacré à la participation de jeunes burundais au Sommet sur le leadership des jeunes de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), organisé cette année-là en Tanzanie.

L’image authentique, prise par le média burundais Akeza.net, montre un groupe de jeunes femmes burundaises en tenue traditionnelle, prenant part à une prestation culturelle dans le cadre de ce sommet régional. Aucune mention de Francine Muyumba ne figure dans l’article, et aucune source fiable ne l’associe à cet événement.

Comme le précise l’article d’Abisezerano :

« …21 Jeunes Barundi ont participé au sommet sur le leadership des jeunes de l’East African Community (EAC) édition 2018, organisé par MS-Training Center for Development Cooperation, association Tanzanienne soutenue par Action Aid International ( section Danemark… ).

Le sommet s’est clôturé par une soirée culturelle, où les jeunes Barundais ont présenté comme spectacle la danse traditionnelle ».

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Capture d’écran effectuée par Thibitisha Fact à partir du site Abisezerano.com, où figure la photo authentique ayant servi à la fabrication du montage.

La même image a également été retrouvée dans un article (lien archivé ici ) publié par le média Burundi Agnews, intitulé « La jeunesse africaine proie des prédateurs néocolonialistes ». Cet article, mis en ligne après le sommet de 2018, revient sur la participation de jeunes burundais à cette rencontre organisée à Arusha, en Tanzanie, par Action Aid International Danemark et le MS Training Centre for Development Cooperation.

L’image y est utilisée pour illustrer les activités culturelles menées par les jeunes Burundais lors de cet événement régional. Aucune mention n’est faite de Francine Muyumba, ni dans la légende, ni dans le contenu de l’article. Cela confirme que la personne représentée sur la photo d’origine n’a aucun lien avec l’ancienne sénatrice congolaise.

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Capture effectuée par Thibitisha Fact à partir du site  du média Burundi Agnews, où figure la photo authentique ayant servi à la fabrication du montage.

Analyse visuelle

L’examen attentif de l’image manipulée permet de repérer plusieurs indices visuels qui révèlent un montage. Le visage attribué à Francine Muyumba présente une netteté, un éclairage et un contraste différents du reste du corps, trahissant une source photographique distincte. La jonction entre le cou et le visage est floue et mal alignée, tandis que les contours de la tête apparaissent anormalement nets par rapport à l’ensemble. On observe également un décalage entre la posture du corps, en mouvement, et l’expression figée du visage, ce qui crée une incohérence visuelle notable.

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Analyse technique : ce que révèle l’outil FotoForensics

L’image a également été soumise à l’outil d’analyse d’image FotoForensics, notamment à travers la fonction ELA (Error Level Analysis), qui permet de détecter les zones d’une image qui ont été modifiées numériquement. Le résultat met en évidence un niveau d’erreur élevé et anormal autour du visage présenté comme étant celui de Francine Muyumba, contrairement au reste de l’image dont les niveaux de compression sont homogènes.

Concrètement, cela signifie que cette partie précise de la photo a été modifiée ou ajoutée séparément du fichier d’origine. Les contours du visage apparaissent comme une zone surcompressée ou artificiellement nette, ce qui est typique d’un collage numérique. Ces anomalies confirment que le visage ne faisait pas partie de la photo originale prise lors du sommet régional, et qu’il a été intégré dans le but de fabriquer un photomontage trompeur.

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Capture d’écran des résultats de l’outil FotoForensics

Francine Muyumba n’est pas burundaise, mais congolaise

Contrairement à ce qu’affirme la publication virale, Francine Muyumba n’est pas de nationalité burundaise. Elle est congolaise, originaire de la ville de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo. Cette information est confirmée par de nombreuses sources officielles, notamment ses déclarations publiques, ses profils institutionnels ainsi que les documents biographiques diffusés au cours de son mandat à la tête de l’Union panafricaine de la jeunesse et au Sénat congolais. Aucune preuve fiable ne permet d’établir un lien entre elle et le Burundi, que ce soit sur le plan familial, administratif ou politique. L’attribution d’une nationalité burundaise repose donc sur une rumeur infondée, amplifiée par un montage photo mensonger.

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Francine Furaha Muyumba Nkanga est une femme politique congolaise, née le 18 février 1987 à Bukavu. Elle est détentrice de la nationalité congolaise, ce que confirment son parcours académique, ses responsabilités publiques et ses engagements politiques.

Elle s’est fait connaître à l’échelle continentale pour son implication dans la jeunesse africaine. Diplômée de l’Université de Namibie, elle y devient présidente de l’Union des étudiants africains, avant d’être élue, en 2014, présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse (UPJ). Elle devient alors la première femme à occuper cette fonction. À ce poste, elle représente la jeunesse africaine dans divers sommets et conférences, tant sur le continent qu’au niveau international.

En 2019, elle est élue sénatrice dans la province du Haut-Katanga, sous la bannière du Front Commun pour le Congo (FCC), la coalition politique de l’ancien président Joseph Kabila. Durant son mandat, elle s’est principalement investie sur les questions liées à la jeunesse, à l’entrepreneuriat, à l’intégration africaine et à la diplomatie.

Verdict

L’image attribuée à Francine Muyumba a été modifiée numériquement pour faire croire à sa participation à une danse traditionnelle burundaise. En réalité, il s’agit d’une photo authentique de jeunes Burundaises lors d’un sommet régional en 2018. Le visage de Muyumba a été ajouté artificiellement, dans le but de soutenir une fausse rumeur sur sa nationalité.

Méfiez-vous des images partagées sans source fiable et utilisez des outils comme la recherche inversée ou l’analyse forensique pour détecter les falsifications.

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Jospin CIBALWIRA est un journaliste indépendant et fact-checker congolais, qui exerce également en tant que reporter web et radio. Titulaire d'une licence en Sciences de l'Information et de la Communication, il a débuté sa carrière dans la presse audiovisuelle avant de se consacrer à la presse écrite. Avec une expérience dans le domaine de la vérification des faits, il met aujourd'hui ses compétences au service de la lutte contre la désinformation en tant que Rédacteur en Chef chez Thibitisha Fact.

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