En octobre 2025, un graphique largement partagé sur les réseaux sociaux en République démocratique du Congo (RDC) a suscité de nombreuses réactions. Selon ce visuel, la RDC serait le pays le plus pauvre au monde, avec 85,3 % de sa population vivant sous le seuil international de pauvreté, défini comme moins de 3 dollars par jour. Ce graphique a circulé massivement sur Facebook, X (anciennement Twitter), TikTok, WhatsApp, ainsi que sur d’autres plateformes médiatiques locales.
Les publications accompagnant ce visuel ont présenté ces chiffres comme provenant d’un nouveau rapport de la Banque mondiale publié en octobre 2025, plaçant la RDC en tête du classement mondial de la pauvreté extrême. Cette interprétation erronée a rapidement généré des commentaires alarmistes et contribué à la diffusion de rumeurs sur les réseaux numériques congolais.
Face à cette vitalité, Thibitisha Fact a mené une enquête rigoureuse afin de vérifier l’origine de ce chiffre, sa date réelle et le contexte dans lequel il doit être interprété. Dans ce cadre, nous avons contacté Visual Capitalist, Our World In Data, la Banque mondiale, ainsi que plusieurs autres sources de données fiables. Notre objectif était de clarifier l’information et d’aider le public congolais à comprendre la réalité derrière ces chiffres.
Après vérification, il apparaît que ces données ne sont pas récentes : elles datent en réalité de 2020, et non d’octobre 2025, comme l’ont laissé croire certaines publications virales.
Origine du graphique et propagation de la rumeur
La rumeur provient d’un article (lien archivé ici ) publié par le média canadien Visual Capitalist le 8 octobre 2025. Cet article présente une analyse des pays affichant les taux d’extrême pauvreté les plus élevés au monde.
Selon le texte, les données proviennent de la Banque mondiale, compilées et publiées via Our World in Data (OWID). La République démocratique du Congo (RDC) arrive en tête du classement, avec 85,3 % de sa population vivant avec moins de 3 dollars par jour, suivie de près par le Mozambique et le Malawi. L’Afrique concentre 23 des 30 pays affichant les taux d’extrême pauvreté les plus élevés.
L’article précise que le graphique représente les taux d’extrême pauvreté par pays pour l’année 2024, selon Visual Capitalist. Il convient toutefois de noter que ces chiffres reflètent les données disponibles au moment de la publication et ne correspondent pas nécessairement à une mesure réelle pour 2024 ou 2025.

Très vite, le graphique a été repris sur Facebook, X (ex-Twitter), TikTok et WhatsApp, mais aussi dans plusieurs médias locaux et communautaires. Dans de nombreuses publications, ces chiffres ont été présentés comme issus d’un « nouveau rapport de la Banque mondiale publié en octobre 2025 », plaçant la RDC au sommet du classement mondial de la pauvreté.
« Selon le dernier rapport de la Banque mondiale publié mercredi, la RDC occupe désormais la première place mondiale en matière de pauvreté extrême : 85,3 % des Congolais vivent avec moins de 3 $ par jour », indique une page congolaise ( lien archivé ici) nommée Parazik.
Ce post a accumulé 8 367 mentions J’aime, 2 049 commentaires et 214 partages jusqu’au mercredi 22 octobre.
Cette publication, accompagnée du graphique de Visual Capitalist, a également été reprise sur le compte X du journaliste Yves Buya (lien archivé), totalisant plus de 28 400 vues, 183 mentions J’aime, 54 commentaires et 53 reposts.
L’internaute Patient Saiba Tambwe ( lien archivé ) a également publié cette information sur son compte X, accumulant plus de 84.000 vues.
D’autres internautes ont partagé la même publication, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici ( liens archivés) contribuant ainsi à sa propagation virale sur les plateformes numériques.
L’infox a ensuite gagné en crédibilité lorsqu’elle a été relayée par des médias réputés, notamment Radio Okapi, média Onusien reconnu pour sa fiabilité. Dans son journal du 9 octobre 2025 ( lien archivé), Radio Okapi a diffusé la même information, affirmant à l’antenne :
« La République démocratique du Congo occupe désormais la première place mondiale en matière de pauvreté extrême, selon un rapport de la Banque mondiale publié hier mercredi : 85,3 % des Congolais vivent avec moins de 3 dollars par jour. Derrière la RDC, viennent le Mozambique, le Malawi, le Burundi, la Zambie et la Centrafrique ».
Une vidéo de cette édition a circulé sur plusieurs pages et comptes de journalistes, notamment celui du journaliste Justin Kabumba (lien archivé ici ), amplifiant davantage la portée de cette information.
D’autres médias de la région tels que Beto.cd, Neo Africa, Congoquotidien, Congovérité.top, Allin Grand lac, News243.com, Expression26.net ou encore Congo Indépendant ( liens archivés ) ont également relayé la même information, contribuant à confirmer la confusion auprès du grand public.
À la lecture des commentaires sous ces publications, de nombreux internautes ont cru à la véracité de cette information, d’autant plus qu’elle provenait de sources jugées crédibles, incluant des journalistes, des pages médiatiques et des médias établis.
Ce que révèlent Visual Capitalist et Our World in Data sur les chiffres de pauvreté en RDC
Pour entamer nos recherches, nous avons contacté Visual Capitalist, le média à l’origine du graphique qui a suscité de nombreuses réactions en ligne. Ce site d’information canadien est spécialisé dans la visualisation de données économiques, financières et technologiques, et propose des analyses visuelles et analytiques sur les grandes tendances économiques mondiales. À la question de savoir quelle période de données avait été utilisée dans ce graphique largement partagé, le média a indiqué qu’il s’agissait des taux d’extrême pauvreté par pays en 2024, d’après les données de la Banque mondiale publiées via Our World in Data.
« Merci de nous avoir contactés. Concernant notre visualisation. Nous valorisons les données plutôt que l’opinion, c’est pourquoi toutes nos infographies sont créées à partir de sources fiables : nous visualisons simplement les données déjà disponibles.
Le graphique auquel vous faites référence présente les taux d’extrême pauvreté par pays en 2024, d’après les données de la Banque mondiale publiées via Our World in Data », a précisé Julia Carneiro, spécialiste des médias sociaux et de la communauté au sein de Visual Capitalist.
Après avoir constaté que Visual Capitalist mentionnait Our World in Data et la Banque mondiale comme sources des données, nous avons choisi de contacter d’abord Our World in Data, afin de mieux comprendre l’origine exacte des chiffres.
Our World in Data est une plateforme de recherche basée à l’Université d’Oxford qui compile et publie des données officielles provenant de sources internationales fiables. Il permet de visualiser et d’analyser des statistiques mondiales sur des thématiques comme la pauvreté, la santé ou l’éducation, en rendant ces données accessibles au grand public.
Contacté par Thibitisha Fact, Our World in Data nous a répondu par l’intermédiaire de Charlie Giattino, responsable des communications et de la sensibilisation au sein de l’organisation.
Selon lui, les données utilisées par Visual Capitalist proviennent effectivement de leur site web. Il indique cependant que Our World in Data se base, pour sa part, sur les chiffres officiels de la Plateforme Pauvreté et Inégalités de la Banque mondiale.
Charlie Giattino a par ailleurs précisé que le chiffre de 85,3 % correspond exactement à la source de la Banque mondiale. Il représente la part de la population de la République démocratique du Congo vivant sous le seuil international de pauvreté de 3 dollars par jour, exprimé en dollars internationaux aux prix de 2021. Ces données concernent l’année 2020, et non 2024 comme mentionné par Visual Capitalist ni 2025, comme certaines publications congolaises l’ont relayé.
« Merci de nous avoir contactés. Pour répondre à vos questions :
Oui, il semble que les données proviennent de notre site web. Nous obtenons quant à nous les données de la Plateforme Pauvreté et Inégalités de la Banque mondiale.
Le chiffre de 85,3 % correspond exactement à la source de la Banque mondiale. Il s’agit de la part de la population vivant sous le seuil international de pauvreté de 3 dollars par jour. Ce chiffre concerne l’année 2020, exprimé en dollars internationaux aux prix de 2021 », a indiqué Charlie Giattino dans notre échange par courriel.
Cette réponse permet de clarifier que le chiffre largement relayé sur les réseaux sociaux et repris par plusieurs médias congolais ne reflète pas la situation actuelle de 2025. Il s’agit de données historiques provenant du dernier recensement disponible à l’époque, utilisé pour mesurer la pauvreté dans le pays selon la méthodologie internationale de la Banque mondiale.
Visual Capitalist a par ailleurs transmis à Thibitisha Fact le lien vers la page d’Our World in Data d’où proviennent les chiffres utilisés. En consultant cette source, nous avons constaté que, au niveau mondial, les données sur la pauvreté extrême définie comme vivant avec moins de 3 $ par jour sont mises à jour jusqu’en 2024.
Cependant, ces chiffres globaux ne reflètent pas nécessairement les réalités spécifiques de la RDC, dont les dernières données disponibles datent de 2020. Selon ces données, 85,3 % de la population congolaise vivait sous le seuil international de pauvreté en 2020, exprimé en dollars internationaux aux prix de 2021.
L’analyse de la page révèle que les données ne classent pas les pays selon un ordre de pauvreté, mais mesurent plutôt la proportion de la population vivant sous différents seuils, tels que 1,90 $, 3,65 $ ou 6,85 $ par jour. Ces indicateurs permettent de comparer la pauvreté relative entre pays, sans établir de palmarès officiel.
Concernant la République Démocratique du Congo, les données montrent effectivement un taux élevé de pauvreté extrême, mais aucun indicateur ne confirme qu’elle serait le pays le plus pauvre du monde.
D’autres pays présentent des taux similaires ou supérieurs selon les périodes et les sources disponibles, et aucun classement officiel ne place la RDC en première position mondiale.

Ce que dit réellement la Banque mondiale sur le taux de pauvreté en RDC
Afin de vérifier l’authenticité et la fiabilité des chiffres mentionnés dans le graphique viral notamment le taux de 85,3 % pour la RDC, Thibitisha Fact a contacté la Banque mondiale pour obtenir des précisions sur la source, la méthodologie utilisée et l’année de référence des données.
Nous avons d’abord échangé avec Marinette Kegbia, chargée de communication par intérim de la Banque mondiale en RDC. Elle a tenu à clarifier que ce taux ne correspond pas à une donnée récente, mais à un rapport de 2020.
« Nous accusons réception de votre courriel et vous remercions pour votre intérêt pour la Banque mondiale. En ce qui concerne votre préoccupation, les chiffres de 85,3 % datent de 2020 et ils sont disponibles dans le rapport Macro Poverty Outlook for Sub-Saharan Africa. Il est important de noter que ces chiffres ne datent pas du mois d’octobre 2025 », a-t-elle précisé à Thibitisha Fact.
Elle a ajouté :
« Pour des données actualisées sur la pauvreté en République Démocratique du Congo, je vous recommande vivement de contacter l’Institut National de Statistique. Ils possèdent les données officielles les plus récentes et pourront vous fournir les informations les plus précises à ce sujet ».
Nous avons, dans ce cadre, tenté de joindre l’Institut National de la Statistique (INS) afin d’obtenir confirmation des chiffres les plus récents. À la date de publication de cet article, nous n’avions pas encore reçu de réponse officielle. Cet article sera mis à jour dès réception.
La précision technique du département de données de la Banque mondiale
Thibitisha Fact a ensuite pris contact avec le département des données mondiales de la Banque mondiale, qui nous a répondu par l’intermédiaire de Chandrika, spécialiste des indicateurs de pauvreté. Sa réponse détaille la méthodologie et la nature exacte du taux de 85,3 %.
Selon les experts de l’institution, le taux d’extrême pauvreté de 85,3 % correspond bien à la situation de l’année 2020, calculée sur la base de la dernière enquête nationale disponible. Cette enquête, intitulée Enquête par grappes à indicateurs des ODD (EGI-ODD), a été menée en 2020 par l’Observatoire Congolais du Développement Durable (OCDD), avec l’appui technique et financier de la Banque mondiale.
Pour plus de détails sur la méthodologie utilisée, consultez le Poverty and Inequality Platform Methodology Handbook.
Ce taux de 85,3 % représente la part de la population congolaise vivant avec moins de 3 dollars par jour, selon le seuil international de pauvreté défini par la Banque mondiale. Ce seuil, exprimé en parité de pouvoir d’achat (PPP) 2021, tient compte du coût réel de la vie dans chaque pays. En d’autres termes, il vise à harmoniser la comparaison du niveau de vie entre les pays, en ajustant la valeur du dollar en fonction des différences de prix : il est généralement moins coûteux de vivre dans les pays les plus pauvres que dans les pays les plus riches. Ainsi, un même dollar n’a pas la même valeur selon qu’on vit à Kinshasa, Nairobi ou Paris : la PPA ajuste donc ce pouvoir d’achat.
Toutefois, la Banque mondiale insiste sur un point essentiel : le chiffre de 85,3 % ne reflète pas la situation actuelle de 2024 ou 2025, car il s’appuie sur des données de 2020. Depuis, la RDC n’a pas mené de nouvelle enquête de terrain sur la consommation ou les revenus des ménages. En conséquence, la Banque mondiale ne dispose d’aucune donnée empirique plus récente.

Pour combler ce manque d’enquêtes récentes, l’institution procède à des estimations statistiques appelées extrapolations ou interpolations. Ces méthodes consistent à projeter l’évolution de la pauvreté à partir des données existantes, en supposant que la consommation des ménages évolue au même rythme que le PIB par habitant, ajusté par des coefficients économiques. Grâce à ce calcul, la Banque mondiale estime que le taux d’extrême pauvreté en RDC aurait diminué à environ 82 % en 2024. Mais elle précise que cette valeur n’est qu’une projection, basée sur des hypothèses économiques et non sur une nouvelle enquête de terrain.
« Le taux d’extrême pauvreté de la République démocratique du Congo est de 85,3 % pour l’année 2020, estimé à partir de la dernière enquête disponible. Sur la base d’hypothèses d’extrapolation, il est de 82 % pour l’année 2024 », ont expliqué les experts de la Banque mondiale dans leur réponse à Thibitisha Fact.
Les experts rappellent également que les comparaisons entre pays doivent être faites avec prudence. En effet, chaque État réalise ses enquêtes à des périodes différentes. Certains pays disposent de données récentes (2022 ou 2023), tandis que d’autres comme la RDC s’appuient encore sur des enquêtes datant de plusieurs années. Comparer les taux entre pays comme s’ils correspondaient à une même année fausse donc la lecture.
C’est pourquoi la Banque mondiale recommande d’utiliser sa plateforme officielle, la Poverty and Inequality Platform (PIP), qui permet d’accéder aux dernières données disponibles pour chaque pays, d’afficher les valeurs interpolées ou extrapolées, et de comprendre les limites méthodologiques derrière chaque chiffre.
Enfin, l’institution souligne que les données de la PIP ne constituent pas un « classement mondial » de pauvreté. Elles visent avant tout à mesurer la proportion de la population vivant sous un certain seuil de pauvreté, selon des standards harmonisés. Les comparaisons internationales doivent donc être interprétées avec précaution.
Qu’est-ce que le rapport Macro Poverty Outlook (MPO) ?
Le chiffre de 85,3 % pour la RDC provient du rapport Macro Poverty Outlook (MPO), une publication semestrielle de la Banque mondiale. Ce rapport fournit une analyse détaillée des perspectives macroéconomiques et sociales des pays à faible et moyen revenu, incluant des indicateurs comme la croissance économique, l’inflation, la dette publique, mais aussi la pauvreté et les inégalités. Il sert à orienter les décisions politiques et économiques, ainsi qu’à informer les partenaires internationaux et les chercheurs sur les défis socio-économiques des pays étudiés.
Les données du MPO ne proviennent pas de nouvelles enquêtes de terrain, mais sont basées sur les dernières informations disponibles dans la Poverty and Inequality Platform (PIP), la référence mondiale pour les données de pauvreté et d’inégalités. Cette base compile des données provenant des enquêtes nationales officielles et les harmonise selon les standards internationaux de la Banque mondiale.
Lorsqu’un pays, comme la RDC, ne dispose pas de données récentes, la Banque mondiale utilise des modélisations statistiques, appelées extrapolations ou interpolations. Ces méthodes permettent de projeter les taux de pauvreté à une année donnée en tenant compte de l’évolution économique et démographique du pays. Cela signifie que les chiffres publiés, tels que ceux du MPO, reflètent les meilleures estimations possibles à partir des données disponibles, mais ne constituent pas des mesures directes de terrain pour l’année indiquée.
Les chiffres de la pauvreté en RDC selon les institutions internationales
Malgré son immense potentiel économique, la République démocratique du Congo demeure l’un des pays les plus pauvres du monde. Les grandes institutions internationales dressent un constat alarmant.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), plus de 60 % de la population congolaise vit encore sous le seuil de pauvreté, malgré une croissance économique soutenue ces dernières années, estimée à 8,3 % en 2024. Le FMI souligne que cette croissance reste « non inclusive », concentrée dans les secteurs miniers et peu ressentie par la majorité de la population, notamment en milieu rural.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) confirme ce diagnostic à travers son Indice de pauvreté multidimensionnelle (2024). D’après ce rapport, 64,5 % des Congolais (soit plus de 66 millions de personnes) vivent dans une situation de pauvreté multidimensionnelle, privée d’accès adéquat à la santé, à l’éducation et à des conditions de vie décentes. En outre, 17,4 % de la population est considérée comme « vulnérable », c’est-à-dire à un pas de basculer dans la pauvreté extrême.
Du côté des Nations Unies, les chiffres restent tout aussi préoccupants. En novembre 2024, un rapport conjoint de la FAO et du Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué que 25,6 millions de personnes en RDC , soit près d’un quart de la population souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, un niveau qualifié de « crise ou pire ». Les conflits armés persistants à l’est du pays, les déplacements de population, la dégradation des infrastructures et les effets du changement climatique aggravent cette précarité.
Verdict
Le graphique affirmant que la République démocratique du Congo serait le pays le plus pauvre au monde, avec 85,3 % de sa population vivant sous le seuil international de pauvreté de 3$, repose sur une mauvaise interprétation des données. Ce chiffre est bien réel, et provient d’un rapport de la Banque mondiale datant de 2020, et non d’un rapport publié en 2024 ou 2025, comme l’ont affirmé plusieurs publications virales. Visual Capitalist, à l’origine du graphique, a indiqué s’être appuyé sur les données d’Our World in Data, elles-mêmes issues de la Plateforme Pauvreté et Inégalités (PIP) de la Banque mondiale. Cependant, Our World in Data a confirmé à Thibitisha Fact que les chiffres utilisés datent bien de 2020, exprimés en dollars internationaux aux prix de 2021. En les présentant comme des données de 2024, Visual Capitalist a donc mal interprété et mal contextualisé les statistiques, entraînant une confusion sur leur actualité.
Selon les précisions de la Banque mondiale, ces données n’ont pas été actualisées depuis 2020, faute de nouvelle enquête de terrain en RDC. Les chiffres évoqués pour 2024 ne sont que des projections économiques basées sur des estimations, et ne représentent pas une mesure réelle de la pauvreté dans le pays. En outre, la Banque mondiale ne publie aucun classement mondial des pays selon leur niveau de pauvreté, car les enquêtes sont menées à des périodes différentes selon les pays.
Si le taux de 85,3 % reflète bien la proportion de Congolais vivant avec moins de 3 dollars par jour en 2020, son utilisation pour affirmer que la RDC est aujourd’hui le pays le plus pauvre du monde est inexacte et trompeuse. Il s’agit d’une infox partielle, née d’une confusion entre des données anciennes et leur réinterprétation dans un contexte actuel.
Partager



Laisser un commentaire